Fabrication de la chaux

Une technologie du 19° siècle :La fabrication de la chaux

Le calcaire était extrait de la carrière par les ouvriers pendant deux campagnes de trois mois en hiver et en été.
Les ouvriers utilisaient de la dynamite pour faire exploser les bancs de pierre calcaire. Ensuite, c’est avec des masses et des barres à mine qu’ils réduisaient les blocs à la taille voulue. Une énorme réserve de pierres était constituée pour aborder les campagnes suivantes.

Au printemps et en automne se situent les périodes de production de la chaux, en fonctionnement continu, la chaux retirée en bas des fours laissait de la place pour recharger.  Pierre et charbon étaient hissés jusqu’au niveau du pied des cheminées où on peut voir de grandes portes, les gueulards et des passerelles reliant les 4 fours. Les ouvriers empilaient le charbon et la pierre dans les fours par les gueulards en respectant les rapports préconisés : 1/3 de charbon et 2/3 de pierres calcaires sur une hauteur de 10 mètres environ. La mise à feu était ensuite effectuée à la base de chaque four avec de la paille, des fagots de bois et du charbon. La température atteignait 900 à 1000° et la chaleur était maintenue par. Le tirage des cheminées. Les couches de charbon s’enflammaient de proche en proche et c’était bientôt tout le four qui était à température L’intérieur des fours était garni d’une épaisse couche de briques réfractaires pour protéger la maçonnerie en calcaire. Des ceintures métalliques extérieures viennent renforcer les fours et limiter la déformation de l’ensemble sous l’effet de la chaleur.

Les fours à chaux de Vendenesse avaient une vocation industrielle en comparaison d’une multitude de petits fours à chaux à usage local. En fonctionnement continu, un four de ce type peut théoriquement produire 750 tonnes de chaux par jour. Mais notre site est resté bien en deçà de ces performances. Les 4 fours ont fonctionné des années 1880 aux années 20, avec l’interruption de la guerre. Puis à régime restreint. La preuve se trouve dans la carrière d’exploitation (non visitable). La mesure du volume de pierre extraite est possible et donne une production cumulée de chaux assez modeste.

Le principe de fabrication de la chaux est connu depuis l’antiquité, probablement postérieure à celle du platre car le gypse est déshydraté à moins de 200°. Le calcaire, lui, doit être chauffé à 900-1000°C pour libérer son CO2. Nous verrons plus en détail ce processus onglet chimie

CaCO3 chauffé donne CaO, la chaux vive, et CO2 qui part dans l’atmosphère.

On l’appelle chaux vive car elle réagit « vivement » en présence de l’eau. CaO est rarissime à l’état naturel car sa gourmandise en eau la transforme très vite mais c’est cette qualité qui est recherchée. Les ouvriers arrosaient simplement les blocs de chaux vive avec l’eau tirée du puits, les blocs semblent bouillir, se déforment, se brisent en faisant un bruit de chuintement et en produisant de la chaleur 110°C.

Une fois le mélange calmé la chaux vive est devenue éteinte et pulvérulente :

CaO + H2O => Ca(OH)2. Dont les propriétés sont bien différentes. C’est devenu une base puissante titrant 12.6 de PH

Pourquoi éteinte ? parce qu’elle ne réagit plus à l’eau, elle se présente en poudre non soluble qu’il est facile de mouliner finement, tamiser et mettre en sacs pour l’expédition dans le prochain train. Cette partie du travail s’effectue dans la « BLUTTERIE » (non visitable)

Les ouvriers à la bluterie
Les ouvriers à la bluterie

Une partie des blocs de chaux étaient mis de côté sous une bâche à l’abri de l’air humide. C’est sous cette forme que les agriculteurs venaient la chercher pour « CHAULER ».